Nous vous présentions la semaine dernière l’intérêt d’inclure la veille à votre stratégie de gestion des risques, que ce soit pour la gestion de risques financiers, légaux ou de réputation.
Nous allons donc vous présenter aujourd’hui comment mettre en place une stratégie de veille efficace pour ne manquer aucun de ces signaux faibles et comment les analyser pour en déduire un plan d’action ! Découvrez les 3 étapes à suivre pour une gestion des risques complètes.
1. Déterminer les facteurs de risque à surveiller
La première étape pour assurer une veille efficace des différents risques est de les identifier. Impossible d’atténuer un risque si l’on n’en a pas connaissance.
Il est donc primordial de lister tous les différents types de risque possibles, tout au long de votre chaîne logistique. Cette liste sera la fondation de votre projet de veille.
Alors que faut-il intégrer dans cette liste ?
A. L’ensemble des fournisseurs de votre chaîne logistique
Pour ce faire, il vous faut définir les segments qui composent votre supply chain, et le nombre d’acteurs à surveiller.
Vous pouvez d’abord veiller vos fournisseurs les plus importants (en termes d’impact sur les ventes ou de rareté par exemple). Mais il est recommandé de rapidement passer au niveau au-dessus et de rendre votre sélection la plus exhaustive possible.
En effet, selon une étude menée par le Business Continuity Institute en 2018, seulement 52% des ruptures d’approvisionnement rencontrées par les entreprises ont été causées par les fournisseurs directs.
Les fournisseurs de leurs fournisseurs, (ou encore plus bas dans la chaîne d’approvisionnement) étaient responsables de près de la moitié des ruptures d’approvisionnement. Il est donc important de penser à les inclure à votre stratégie de surveillance.
Également, ne basez pas votre sélection uniquement sur le volume d’achat. Par exemple une étude du MIT a révélé que pour le constructeur automobile Ford, le risque le plus élevé provenait en réalité de leurs fournisseurs de composants et pièces détachées à bas prix qui ne représentaient que 2% de leur volume d’achat.
Ainsi les fournisseurs représentant en apparence un faible risque peuvent parfois avoir un impact majeur sur votre entreprise. D’après une récente étude de Deloitte, la transparence de la chaîne d’approvisionnement est médiocre, 65 % des responsables ayant une visibilité limitée ou nulle au-delà de leurs fournisseurs de niveau 1.
La veille stratégique est donc un moyen simple de surmonter ce challenge rencontré par la majorité de la profession. Enfin, il peut être intéressant d’intégrer à votre veille les voies et structures d’approvisionnement importantes pour vous (ports, aéroports, zones de passages critiques).
Le constructeur automobile allemand BMW est l’un des pionniers dans le domaine de l’écoute sociale.
Alors que l’entreprise étendait sa présence mondiale, elle s’est dotée d’un éventail plus larges de fournisseurs, et s’est donc exposée à de plus nombreux risques potentiels.
Pour y remédier, les équipes de BMW ont mis en place une stratégie de surveillance des risques.
Leur veille collecte des données non structurées provenant des médias sociaux, des sites de presse, des blogs, et les croise avec leurs données internes pour ensuite être en mesure de les analyser.
Les informations sont ensuite partagées via une application mobile développée en interne. Ainsi, tous les gestionnaires de la chaîne d’approvisionnement reçoivent des informations stratégiques qui les aident à prendre des décisions localement.
Cette nouvelle approche a présenté de nombreux avantages pour BMW :
- Ils peuvent se montrer plus proactifs face aux actualités importantes de leurs fournisseurs comme des fusions ou acquisitions.
- Ils bénéficient d’une meilleure visibilité sur leurs fournisseurs de niveau 2, 3 et au-delà.
- Leur stratégie de surveillance de risque leur a aussi permis d’améliorer l’efficacité de leurs chaîne logistique en identifiant de nouvelles innovations, dont un nouveau fournisseur de matériaux pour leurs voitures électriques, jusqu’alors inconnu.
B. Vos différentes marques et produits
Outre les fournisseurs et partenaires, de nombreux autres facteurs sont à intégrer à votre surveillance, dont votre nom de marque bien sûr, ainsi que vos différents produits / services et votre équipe de direction. C’est une étape cruciale pour identifier les risques de réputation.
The Coca-Cola Company a par exemple mis en place un système avancé d’analyse des réseaux sociaux, dans le cadre de leur Consumer Interaction Centres (centres d’interaction avec les consommateurs).
Ce réseau réparti dans plus de 200 pays surveillent les publications et commentaires sur leurs produits.
Si ce projet a été initié par les équipes marketing et communication, Carletta Ooton, Vice Présidente Qualité et Intégrité Produit, a saisi l’opportunité pour suivre les messages publiés par les internautes sur des sujets comme l’environnement, la sécurité et la qualité des produits.
Ainsi, si quelqu’un publie une photo d’un objet étranger retrouvé dans l’une des boissons du groupe, Coca-Cola peut vite réagir et déterminer s’il s’agit d’un problème dans leur chaîne de valeur à corriger, ou s’il est simplement question d’un internaute mal intentionné.
C. Les régulations des différents marchés concernés
Il est primordial de maintenir une veille continue sur les changements de régulations sur les différents marchés où votre entreprise est active.
Identifiez dans un premier temps les grandes thématiques pouvant vous affecter : échanges internationaux, fiscalisation, conditions de travail, taxes, etc. et ce pour chaque pays pertinent.
Vous pourrez ainsi capter les futures décisions, encore au stade de réflexion et sujettes à débat, et réfléchir d’ores et déjà à votre réaction.
D. L’opinion publique sur votre secteur et les composantes de votre chaîne logistique
Il est également important de veiller sur des termes génériques liés à votre marché, pour pouvoir suivre les grandes tendances et les évolutions dans sa perception auprès du grand public.
Se maintenir informé des changements sociaux, économiques, légaux et politiques majeurs dans les différents pays importants est en effet primordial pour votre chaîne de logistique.
L’opinion publique à l’égard d’une organisation, de ses employés, de ses produits et de ses pratiques peuvent souvent être la cause de risques majeurs.
La réputation des organisations auprès du public peut souvent se détériorer avec le temps et il est crucial d’essayer de repérer ces tendances avant qu’elles ne deviennent un problème sérieux.
Pour ce faire, il est nécessaire de surveiller en permanence des recherches spécifiques dans les médias.
Cela permet ainsi de détecter de nombreux problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, notamment au niveau des matériaux et composants utilisés.
Prenons l’exemple des récents débats provoqués par l’usage de l’huile de palme par l’industrie cosmétique et alimentaire, substance liée à des problèmes majeurs comme la déforestation et la cruauté animale.
Il est intéressant pour ces entreprises de suivre l’opinion publique sur cet élément spécifique, ainsi que l’implication de leurs propres marques et fournisseurs dans ce débat.
Elles peuvent ainsi se tenir au courant des derniers développements, et d’être en position pour réagir dès que nécessaire.
Par exemple, certains acteurs du secteur pharmaceutique se servent de la veille sociale pour leur pharmacoviligence.
En veillant certains symptômes et composants, ils sont en mesure d’identifier les risques présentés par leurs produits et d’encourager une utilisation plus sûre et efficace de ceux-ci.
L’opinion publique permet également de détecter des problèmes éthiques causés par vos fournisseurs.
Foxconn, le groupe industriel taïwanais spécialisé dans la production de smartphones et autres produits électroniques, est habitué aux scandales médiatiques en raison des conditions de travail imposée dans ses usines en Chine.
Les internautes dénoncent régulièrement les pratiques de Foxconn en prenant à parti ses clients, comme Apple et Samsung.
En veillant sur l’opinion publique de vos fournisseurs, vous pouvez identifier ceux dont les pratiques sont peu recommandables et agir en conséquence, avant qu’une crise ne vous impacte.
Tout comme la gestion de votre entreprise évolue constamment, votre inventaire des risques possibles doit évoluer. Pensez à maintenir cette liste à jour à chaque changement dans votre supply chain : nouveau fournisseur, nouveau personnel, nouveau logiciel… C’est une part essentielle au succès de votre stratégie de gestion des risques.
Une fois votre inventaire constitué et minutieusement vérifié, il est temps de passer à la seconde étape : la collecte des données !
2. Collecter les données
Vous allez pouvoir maintenant commencer à veiller toutes les informations relatives aux facteurs que vous avez listé précédemment.
Pour cela, deux moyens sont possibles :
- Une veille manuelle, en recherchant chaque facteur dans les moteurs de crise
- Une veille automatisée, à l’aide d’une solution de veille qui vous permettra de veiller et d’analyser toutes les actualités impactant votre supply chain en temps réel.
Si vous souhaitez assurer une surveillance efficace, il faut être prêt à affronter un gros volume de données, issues de nombreuses sources différentes : presse internationale, presse spécialisée, réseaux sociaux, forums…
Il est indispensable que votre projet de veille ne soit pas limité par le nombre d’informations remontées. Une veille automatisée vous permettra de réunir un volume beaucoup plus important qu’une veille manuelle.
Le second enjeu de votre veille sera ensuite d’extraire l’information pertinente pour vous. Une solution de veille comme celle de Meltwater vous permet de créer des recherches très précises pour filtrer tout le bruit et ne garder ainsi que les données intéressantes pour vous.
Enfin, il vous faudra standardiser vos données selon des facteurs qui vous sont propres. Cette étape est indispensable pour pouvoir déduire un plan d’action de votre veille. Vous pouvez définir en interne les éléments pouvant constituer un risque faible, moyen ou élevé.
Certains de nos clients utilisent les tags (ou labels) de notre solution pour noter chaque information. Ensuite, les informations présentant un risque moyen font l’objet d’un suivi plus régulier, et les informations présentant un risque élevé sont minutieusement étudiées et un plan d’action est mise en place pour atténuer ce risque.
Pour aller plus loin : Découvrez notre service de veille en demandant une démo gratuite.
3. Suivre et analyser les risques
Une fois que vous avez commencé à collecter de l’information sur votre supply chain, vous pouvez débuter votre analyse.
Une solution de veille automatisée vous permet de créer des tableaux de bord, réunissant tous les indicateurs de risques importants, leur nature et leur notation.
Il est également pertinent de regrouper vos données par thématiques, comme les risques de ruptures d’approvisionnement, de marché, d’image, d’instabilité économique des fournisseurs, de qualité ou encore de non-conformité.
Vous serez ainsi en mesure d’observer les grandes tendances de chaque thématique.
Dans le monde de la négociation d’otages, un client de Meltwater, Hazelwood Street, utilise la veille pour quantifier le risque à n’importe quelle longitude et latitude dans le monde, dans n’importe quelle ville ou état, jusqu’aux quartiers des villes, afin d’aider ses clients à éviter les problèmes à l’avance et sur une base régulière.
Leurs équipes, chargées de répondre aux enlèvements contre rançon, extorsion et menaces terroristes dans le monde entier, ont établi une échelle de 1 à 5 pour décrire le niveau de danger d’une zone géographique.
Sur cette échelle, 1 représente un risque extrêmement faible – disons, en Suisse – et 5 représente un risque grave – par exemple, en Afghanistan.
Une fois le score déterminé, il est plus facile pour Hazelwood Street et ses clients d’évaluer le risque et d’y réagir en examinant des données concernant des événements récents, tant sur les médias sociaux que dans les médias grand public. Toutes les heures, les analystes de données de Hazelwood Street combinent les données de Meltwater avec leur propre base de données de multiples autres sources – publiques et privées, classifiées et non classifiées.
Les données étudiées comprennent la stabilité politique, la justice sociale, le système de justice pénale et la corruption, ainsi que la criminalité de bas niveau.
Une note de 5 signifie que les clients doivent procéder avec prudence et permettre à Hazelwood Street de les suivre pendant leur voyage.
A quelle fréquence surveiller les risques ?
De nombreuses entreprises ont établi un calendrier régulier de surveillance des risques, et le font de façon annuelle ou semestrielle.
Mais une surveillance en continue vous permettra de garder le contrôle de votre chaîne de logistique, et d’anticiper les risques potentiels. Il est donc recommandé de faire cet effort de surveillance plus régulièrement, au moins une fois par mois.
Cela vous permettra d’identifier les risques les plus probables et des améliorations possibles.
Et après ?
La surveillance et l’évaluation des risques de la chaîne d’approvisionnement constituent la fondation d’un programme de gestion des risques complet. Mais sans initiatives mises en place pour atténuer ces risques, votre stratégie restera incomplète.
La mise en place de différentes mesures préventives et réactives est donc recommandée, et vous permettra de passer à une gestion proactive des risques.
Vous pouvez commencer par classer les actions individuelles par thèmes, en fonction des facteurs de risques (risques naturels, situations politiques, grèves, etc.) et éventuellement nommer un responsable pour chaque typologie. De même, il est recommandé de décrire la procédure à suivre pour chaque plan d’action.
L’atténuation des risques n’est pas un travail aisé, qui demande rigueur et anticipation. La veille stratégique vous permet de garder le contrôle sur votre chaîne logistique, grâce à une meilleure anticipation des risques.
Si vous souhaitez mettre en place une veille sur vos différents facteurs de risques, découvrez comment nos équipes et notre solution peuvent vous aider en demandant une démo !